Par Déborah Loye le 28/06/2018
Cela fait un an que Station F fourmille d’entrepreneurs. Ces derniers ont levé 250 millions d’euros au total, mais c’est surtout l’émulation créée par la présence d’autant de startuppers qu’ils mettent en avant.
Il y a un an, Station F, le “plus grand incubateur de startups du monde” financé par Xavier Niel et dirigé par Roxanne Varza, ouvrait ses portes. Avec quelques mois de retard, des travaux pas encore totalement terminés, des entrepreneurs pas encore tous recrutés, mais inauguré en grande pompe, notamment par le Président de la République Emmanuel Macron et la Maire de Paris Anne Hidalgo.
Les entrepreneurs du “Founders Program”, le programme maison de Station F, furent les premiers à s’installer dans les 34.000 mètres carrés de la hall Freyssinet, encore bien vide à cette période. “C’était incroyablement calme”, se souvient Antoine Gerlier, fondateur de la startup de méditation Namatata, non sans une pointe de nostalgie. Aujourd’hui, le hall consacré aux startups fourmille de près de 5.000 résidents représentant 1.034 startups.
Un écosystème riche qui, selon ses occupants, fait la principale force de Station F. C’est d’ailleurs avant tout pour “être entourés de milliers d’autres entrepreneurs” que les entrepreneurs français candidatent, selon une étude présentée mercredi.
Incubé au Startup Garage de Facebook, l’AssurTech Alan, qui a levé 23 millions d’euros en avril, est l’un des beaux succès de l’incubateur. Son cofondateur et CTO, Charles Gorintin, raconte avoir trouvé un grand nombre de ses clients parmi ses voisins de bureau. “Nous assurons les entreprises, et ici on a pu leur parler directement, tester des utilisateurs, comprendre ce qui freinait certains pour améliorer le produit…”, énumère-t-il.
Une émulation qui accélère tout
“Nous avons fait en un an ce qui nous en aurait normalement pris deux, se réjouit Maxime Leduc de Flateo, une startup de conciergerie pour Airbnb incubée au Founders Program. Évoluer dans cet écosystème accélère tout. Dès que l’on a un petit problème, on trouve quelqu’un pour nous aider parmi les autres startups”. Au sein du “Founders”, les entrepreneurs décrivent une ambiance “très saine”, dans laquelle “la solidarité est de mise”. Les startups acceptées dans le programme paient 200 euros par bureau et par mois, et ont accès aux conférences et ateliers qu’offre Station F.
Le staff est également présent pour épauler les entrepreneurs si besoin, mais la philosophie de la débrouille règne. “Ils nous laissent chercher les solutions, mais si on rencontre de grosses difficultés, ils sont là”, décrivent Malik Aziri et François De Chiara, cofondateur de Lovel, une application qui gamifie la rencontre amoureuse. Intégrés au Fighters Program, qui offre les mêmes conditions que le Founders mais gratuitement, ils expliquent avoir gagné en crédibilité en intégrant Station F.
Auprès des autres, mais aussi envers eux-mêmes. “Ça faisait trois ans qu’on travaillait sur le projet avant d’arriver ici. Aujourd’hui, on a beaucoup pris confiance en nous, et on assume le fait d’être des startuppers”, décrivent-ils. Leur application est en cours de développement, et un prêt bancaire vient de leur être accordé. “Nous avons dit au banquier que nous étions à Station F… Mais seulement tout à la fin, parce que nous voulions être sûrs que c’était bien le projet qui les convainquait”, souligne Malik Aziri.
Carnets d’adresses
Station F ne prend pas de participation au capital des entreprises de son Founders Program, ni ne leur offre d’aide financière. “Mais le staff nous ouvre son carnet d’adresses très facilement”, indique Gonzague Hacher, cofondateur de Carrosse Royal, une régie publicitaire de taxis avec suivi des performances. Clément Hugon et Matthieu Marquenet de SoBus, une plateforme qui vend des billets de bus en Europe, ont récemment levé 600.000 euros auprès de business angels. “L’un deux nous a été présenté par les fondateurs d’une startup du programme”, se réjouissent-ils. A part quelques remarques à la marge, telle que le manque de salles de réunion ou de cantine, les entrepreneurs se montrent très peu critiques à l’égard de Station F. Ils y auraient peu intérêt : tous profitent de l’aura extrêmement positive de la structure.